Le mouvement café racer voit le jour en Grande-Bretagne au début des années 50. Il fait écho à un phénomène musical qui emporte la jeunesse des pays occidentaux, le rock’n’roll, mais aussi à un film, L’Équipée Sauvage.
1 – Le portrait robot du motard roulant en café racer
Sociologiquement, ce sont des teenagers issue de la classe ouvrière qui n’ont connu ni la crise de 1929 ni la Seconde Guerre mondiale.
Ils sont surnommés « rockers » ou « leather boys » et peuvent s’offrir grâce aux premiers crédits à la consommation et la prospérité économique retrouvée du Royaume-Uni, une moto. C’est un moyen de transport pour aller au boulot plus « stylé » que de prendre le bus et cela procure une certaine Fureur de Vivre le soir ou les weekends.
2 – Qu’est-ce qu’une moto café racer ?
Un café racer tout comme le bobber américain recherche le meilleur rapport poids-puissance possible.
Pour se faire, les bikers britanniques ôtent tous les éléments de confort afin que leur moto ressemble à celles qui courent au Tourist Trophy ou sur les short circuits. La base mécanique est généralement un bicylindre vertical de 500 à 650 cm3 de chez Triumph, BSA ou Norton. Un café racer se doit de posséder position de conduite racing rappelant celle de Colin Seeley, Geoff Duke ou Mike Hailwood. A minima, on lui greffe :
- des demi guidons
- des commandes reculées
- une selle avec un dosseret
3 – Des préparations parfois très poussées
Dès le début des années 50, certains motards britanniques créent une moto hybride puissante et fiable qui tient excellemment bien le pavé. C’est le café racer Triton fruit de l’association entre le bicylindre Triumph et le cadre Featherbed Norton.
Durant l’âge d’or du café racer (1950-70), un tissus d’artisan se pencheront sur les Twin britanniques pour en tirer la quintessence :
- Kit 750 cm3
- kit double carburateurs
- Culasses à 4 soupapes par cylindre Nourish-Weslake
- Partie-cycle spéciales Seeley, Desdra ou Rickman
4 – Point de café racer sans le rock
Le rock fait partie intégrante de la culture café racer au même titre que les grands pilotes anglais dont les exploits ornent la chambre de ces teenagers ou les séances de mécanique. Selon certains, les bikers avaient pour jeu de mettre une pièce dans le juke-box, d’enfourcher leur moto, d’aller jusqu’à un point donné puis d’être de retour avant la fin du 45 tours. Mythe ou réalité ? Nul ne peut l’accréditer ou l’infirmer en 2022…
5 – Qu’est-ce que le Ton et un Ton-Up Boy ?
C’est un terme d’argot britannique qui indique que le pilote a atteint une vitesse de 100 mph, le « ton », soit 160 km/h. Si vous atteignez cette vitesse, vous entrez dans la confrérie informelle du Ton-Up Club et vous êtes un Ton-Up Boy. CQFD !²
6 – Quelle est l’origine de l’appellation « café racer » ?

Les années 50 voient la construction des voies rapides autour des grandes villes britanniques sur lesquelles s’installent des relais routiers ou coffee bar. Les camionneurs y font le plein et s’y restaurent. Ces cafés n’ont pas de licence pour vendre de l’alcool et ne servent donc que des sodas, du café ou du thé.
L’une des raisons poussant les leather boys à se retrouver dans les cafés bars est le fait qu’ils sont les seuls à diffuser du rock’n’roll grâce à leur juke-box, une musique interdite de diffusion à la BBC. De plus, les bowlings et autres dancings ne les acceptent de part leur dégaine et leur moto bruyante.
7 – Rockers contre mods
Au printemps 1964 dans les stations balnéaires de Margate et de Brighton, les rockers affrontent violemment une autre jeunesse : Les mods. Ces affrontements font la une des tabloïds avec des titres comme « La Seconde Bataille d’Hastings ! » .
Snob, les mods jugent le biker comme un être frustre de par son appartenance à la classe ouvrière, sa dégaine et son gout pour le rock.
Né au début des années 60, le mod est issu des quartiers huppés de l’ouest londonien et soignent son look :
- Chaussures Clark ou de chausseurs italiens
- polo Fred Perry
- Levis 501
- parka M51
Cette autre jeunesse roule en scooter Lambretta ou Vespa et écoute du modern jazz d’où le nom le nom à ce mouvement. Rod steward et David Bowie, revendiqueront avoir été mod.
8 – L’uniforme du pilote de café racer
Le vestiaire du rocker se compose de :
- Perfecto confectionnés par les marques anglaises comme Rivetts, Mascott ou Lewis Leather ;
- Blouson d’aviateur américain ou de la RAF achetées dans les surplus militaires ;
- D’une veste Belstaff ou Barbour que l’on saucissonne sur l’arrière de la selle les rares jours de beau temps ;
- Bottes fourrées de la Royal Air Force ;
- Écharpe blanche de pilote ;
- jeans du cru ou de simples pantalons.
9 – La fin (provisoire) des café racers

Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas l’effondrement de l’industrie motocycliste britannique qui mettra un terme au café racer. Jusqu’à l’arrivée de la Suzuki 750 GSX-R (1984), les Japonais sont certes de très fins motoristes, mais leurs motos pêchent par des tenues de route perfectibles.
Les fabricants de châssis tels que Rickman, Dunstall ou Seeley continueront à prospérer malgré l’arrivée des quatre cylindres. Par exemple, le concessionnaire parisien Japauto remporte le Bol D’or 1972 grâce à une Honda Four à cadre Dresda.
C’est plus la montée en gamme des constructeurs continentaux (Ducati 750 SS, BMW R 90S, Moto Guzzi V7 Sport ou Laverda 750 SF) associant moteurs et châssis performants qui auront la peau du café racer.
10 – La scène café racer actuelle : entre bricole & business


De nos jours, le café racer aussi appelée « moto vintage » est « tendance » principalement pour des raisons de durcissement de la répression routière.
Depuis le milieu des années 2000, les constructeurs proposent des café racers reprenant les codes esthétiques de ces motos nées dans les années 50. Une scène de « géniaux bricolos » a également vu le jour aiguillonné par l’appétence de la société pour la chose « vintage » et le « Do It Yourself ».
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