S’il y a bien un véhicule qui représente l’Italie ad vitam aeternam, c’est bien la Vespa conçue par Piaggio. D’ailleurs, le magasine « Times » écrira dans les années 50, « Produit typiquement italien comme on n’en avait pas connu depuis le char romain ». Que dire de plus !
Un peu d’histoire sur la Vespa de Piaggio
Au sortir de la guerre, l’entreprise Piaggio qui construisait principalement des avions et des moteurs durant la période fasciste doit totalement se réinventer, car les alliés lui interdisent toute activité aéronautique.
Enrico Piaggio, fils du fondateur, a une intuition : il va donner de la mobilité à une Italie à genoux grâce à un petit deux roues motorisé peu onéreux qui peut slalomer entre les cratères de bombes. Accessoirement, il permet aux belle regazze (belles filles) de rouler en jupe contrairement à une moto.
Selon la légende, lorsque Enrico Piaggio vit les croquis de l’ingénieur aéronautique Corradino D’Ascanio, il déclara : «On dirait une guêpe ! »
En effet, de la guêpe, vespa en italien, elle a en toute la silhouette avec sa taille fine et sa croupe généreuse.
Du passé aéronautique de la firme, la Vespa hérite d’un encrage latéral des roues qui rappelle les trains d’atterrissage.
La Vespa : une success-story italienne
Mise sur le marché dès avril 1946, le petit deux-temps de 98 cm3 rencontre un succès immédiat avec la vente de 2 484 machines dès 1947.En 1953, Piaggio en vendra 171 200 unités et en 1956, l’usine de Pontedera réalise sa millionième Vespa. Enrico Piaggio a donc vu juste !
Le pactole de ses ventes permettra au groupe devenu Piaggio & Co en 1964 d’absorber des firmes prestigieuses comme Gilera puis Laverda et Moto Guzzi.
Les films Vacances Romaines de William Wyler (1953) avec Audrey Hepburn et Gregory Peck puis La Dolce Vita de Federico Fellini (1960) avec Anita Ekberg et Marcello Mastroianni donnent à ce scooter une renommé mondiale.
Les mods le customiseront et lui donneront un côté sulfureux en se rendant en horde à son guidon pour se bastonner avec les rockers venus en cafe racer dans quelques stations balnéaires anglaises. Oui, ça existe !
La Vespa est donc une icône du « Swinging London » au même titre que la Jaguar Type E. Dans les 60’s, John Wayne et le futur David Bowie en ont une.
En 2019, le groupe Piaggio cumule 19 millions de guêpes produites. Depuis 2016 et au grand dam des aficionados et autres collectionneurs, Piaggio propose une version électrifiée. La guêpe n’est pas près de disparaître du cœur de nos métropoles !
La Vespa troupe parachutiste française

Nous découvrons avec cette déclinaison de la Vespa 150 sortie en 1956 l’incroyable versatilité de cet utilitaire tantôt glamour et ici, machine de guerre.
Le choix d’une Vespa devant crapahuter dans la gadoue n’a rien de farfelu. En 1951, le constructeur transalpin se présenta aux 26e ISDT, acronyme de International Six Day Trial, une course d’endurance tout-terrain, avec une équipe officielle qui remportera 9 médailles d’or face à 200 concurrents. Oui, la Vespa sait aussi courir !
Cette Vespa martiale, mise au point par Piaggio dans les années 50, était destinée aux troupes parachutistes françaises et à la Légion étrangère.
Elle est pourvue d’un canon de 75 mm sans recul américain qui équipait toutes les armées de l’OTAN. Ce scooter emporte 6 obus, 2 jerricanes et tracte une petite remorque. Malgré son poids de 115 kg, les qualités dynamiques de la Vespa demeurent.
Forte d’un monocylindre deux-temps de 150 cm3 puissant et endurant, ce scooter se transforme en un véhicule léger pouvant être largué directement sur le champ de bataille.
Les pare-chocs tubulaires posés par Piaggio amortissent l’atterrissage. Cette Vespa peut filer à 65 km/h et possède une autonomie de 200 km.

600 exemplaires de cette Vespa aéroportée ou « T.A.P. » « Truppe Aero Paracadutate ») seront construites entre 1956 et 1959 en deux livrées : camouflage et désert.
La fin des guerres coloniales fera que cette machine ne sera jamais utilisée au combat.
Fiche technique du scooter Piaggio Vespa 150 GS (GS pour « Grand Sport »)
- Moteur : monocylindre 2 temps de 145,5 cm3
- Alésage x Course (en mm) : 57 x 57
- Puissance : 8,2 ch à 7 500 tr/mn
- Boîte de vitesse : 4 rapports
- Carburateur : Dell’Orto de 23 mm
- Cadre : tôle emboutie
- Jantes : 10 pouces interchangeables
- Pneus : 3,5 x 10
- Freins avant & arrière : tambour
- Garde au sol : 285 mm
- Amortisseur arrière : ressort hélicoïdal
- Poids à sec : 100 kg
- Selle : biplace
- Réservoir : 8 litres
- Vitesse de pointe : 100 km/h (version civile)
- Production : 80 000 exemplaires entre 1955 et 1961