Certaines motos restent dans nos mémoires. Les raisons sont variées. Des solutions techniques nouvelles, des performances à couper le souffle, de nouveaux concepts, des lignes à damner un saint et que sais-je encore !
Ces dix motos que je vous présente ont chacune à leur manière écrit une page de la grande Histoire de la moto.
1 – Triumph Speed Twin (1937) : The Twin is born
Conçue par Edward « Ed » Turner, la Speed Twin définit l’architecture moteur de tous les bicylindres verticaux. Ce twin de 500 cm3 refroidi par air et calé à 360° reçoit une distribution à soupapes culbutées.
Cette motorisation évoluera au fil du temps. Toujours chez Triumph, elle donnera naissance aux T100, Thunderbird, Bonneville et TR6. On retrouvera cette architecture chez BSA (A7), Royal Enfield (Interceptor) ou chez Norton avec les Dominator puis Commando (1968).
Seule évolution notable, à partir de 1963, la boîte de vitesse n’est plus séparée du moteur. Ce sont les versions dites « unit ».
2 – Vincent HRD Serie C Black Shadow (1948) : La première superbike de l’histoire !
Cette moto est un OVNI dans le paysage motocycliste de l’après-guerre. Son rapport poids/puissance de 70 ch. pour seulement 172 Kg surpasse la Honda CB 750 qui sortira 20 ans plus tard !
La Black Shadow est la première moto de route à dépasser 200 km/h.
Une version coursifiée, la Black Lightning (31 exemplaires), équipée du V-Twin de 998 cc atteindra 241,4 km/h pilotée par Rollie Free en septembre 1948 à Bonneville.
Mais une Vincent, c’est bien plus qu’un simple moteur. Le moteur de Phil Irving est assisté par une partie-cycle entièrement suspendue. Une première pour l’époque ! L’amortissement avant est assuré par une fourche Girder pourvue d’un amortisseur hydraulique et à l’arrière d’un cantilever.
3 – Moto Guzzi V7 (1967) : « La Mamma »
L’ingénieur Giulio Cesare Carcarano imagine un bicylindres de grosse cylindrée (700 cc) à l’architecture moteur peu commune. Il s’agit d’un V-Twin transversal à 90° équipé à sa base d’un unique arbre à cames qui actionne deux soupapes culbutées par cylindre.
La transmission est confiée à une boîte de vitesses séparée à 4 rapports équipée d’un embrayage monodisque et qui se termine par un cardan. Une technologie en tout point identique à BMW.
Equipée de deux carburateurs Dell Orto, ses performances sont excellentes pour la première grosse cylindrée italienne de l’histoire : 50 ch. à 6000 tr/mn, 206 kg à sec et une vitesse de pointe de 164 km/h.
La V7 va donner naissance à la V7 Sport, aux Le Mans mais aussi aux California. Notons qu’une lointaine descendante de cette moto est de nouveau au catalogue de la firme de Mandello Del Lario avec la V7 III.
4 – Honda CB 750 (1968) : « La révolutionnaire »
Présentée quelques mois après les événements de mai 1968 et le printemps de Prague, la Honda CB 750 est également une révolution dans le monde de la moto.
Le quatre pattes Honda entièrement en aluminium enchaîne les premières : Elle est équipée d’un démarreur électrique, d’un système électrique de qualité et d’un frein avant à disque.
Avec la Honda CB750, la moto entre de plein pied dans l’age adulte ! En effet, elle est aussi fiable qu’une automobile. Désormais, nul besoin d’être un expert en mécanique pour gouter aux joies de la moto.
Les autres constructeurs de gros cubes tels que BMW, Ducati ou Triumph/ BSA sont dans les cordes !
La version compétition (CR750) pilotée par Dick Mann remportera la Daytona 200 1970.
5 – Yamaha 350 (1979) : « La bombinette »
Nous ne pouvons faire un tour d’horizon des motos qui ont le plus marqué le 20ème siècle sans évoquer la technologie deux temps.
La marque aux trois diapasons avait une expertise dans ce domaine sans égal.
La Yamaha 350 RDLC va hurler sur les boulevards la plupart du temps en wheeling en ce début du mitterrandisme.
Cette moto, qui se vendra très bien en France de 1980 à 1983, est à la moto ce qu’est la GTI à l’automobile. Elle est peu chère mais elle n’est pas avare en grosses sensations grâce à un excellent rapport poids/puissance de 47 ch. pour seulement 143 kg qui la propulse à 180 km/h. Par contre sa consommation est digne de la TZ 500 du King (Kenny) Roberts avec 10 litres au cent !
La Yamaha 350 RDLC sera sacrifiée sur l’autel des premières lois anti-pollution comme le seront la 500 RDLC, la Suzuki 500 Gamma ou la Honda NS400 R.
6 – BMW 80 GS (1980) :« Souvent copiée mais jamais égalée »
La bavaroise invente ni plus ni moins qu’une nouvelle catégorie de moto : le gros trail routier.
La GS pour « Gelände/Strasse » (« tout-terrain/route ») est tout aussi capable de s’aventurer en off-road que de rouler à 130 km/h sur les autobahn.
En compétition, le bicylindres allemand remportera trois Paris-Dakar : Un avec Hubert auriol (1981) et deux avec le belge Gaston Rahier (1984 et 1985).
De nos jours, la GS est le bestseller des ventes pour BMW Motorrad. Tous les constructeurs mondiaux tentent de percer les raisons du succès planétaire de cette moto.
Le trail BMW est devenu la moto la plus fabriquée de l’histoire motocycliste.
7 – Suzuki GSXR 750 (1985) : La première sportive moderne
La Suzuki GSXR 750 révolutionne le marché de la moto des années 80 qui est la chasse gardée des quatre constructeurs japonais. Cette moto est étroitement dérivée des Suzuki GS 1000 courant en endurance dès 1981 notamment pour l’écurie française SERT.
Cette moto est puissante avec 106 ch. à 10500 tr/mn mais elle est également extrêmement légère : 176 Kg à sec soit le poids d’une 400 cm3 de l’époque !
La GSXR est bien née car elle conjugue puissance et tenue de route très saine grâce à un cadre ultra léger en aluminium. C’est du jamais vu sur une japonaise !
Pour conclure ce sans faute, la Suzuki GSXR possède un carénage issu de la machine moto d’endurance avec un double optique à l’avant. Il y aura donc un avant et un après la Suzuki GSXR 750.
8 – Harley-Davidson Softail Heritage (1986) : La Renaissance
Avec cette moto, le constructeur de Milwaukee est de retour au tout premier plan. Cette moto est animée par le V-Twin 1340 cc Evolution apparu en 1984 soit une motorisation extrêmement fiable. Second atout, elle hérite de la toute nouvelle partie-cycle baptisée « Softail ». Grâce à ce faux cadre rigide et à ses deux gros « boudins » de 16 pouces (FL), l’Heritage a une allure évoquant l’Hydra Glide des 50’s.
Le Softail Heritage peut être considéré comme la première néo-rétro de l’histoire !
9 – Ducati Monter (1993) : Retour aux Fondamentaux
25 ans que ce roadster ou que ce « naked bike » (les appellations passent mais la machine demeure !) traine ses guêtres sur les routes du monde entier.
Son succès, plus de 250 000 exemplaires vendus, est surtout à mettre au crédit de son designer, Miguel Galluzzi. L’argentin a revisité les grands classiques que sont les Triumph Bonneville et Norton Commando pour nous rappeler l’essentiel : une moto, c’est deux roues, un moteur, un guidon et puis basta !
Le L-Twin de 904 cc à quatre soupapes promet 67 ch. et 8,3 m.kg à 6000 tr/mn
10 – Ducati 916 (1994) : la superbike au look de Diva
Cette moto qui n’a quasiment pas pris une ride était capable tout à la fois de remporter quatre titres mondiaux en Superbike (dont trois consécutifs avec Carl Fogarty) et d’être l’une des grandes stars de l’exposition « L’Art de la Motocyclettes » organisée par le musée Guggenheim.
Cette moto dessinée par Massimo Tamburini ( à qui l’on doit les MV Agusta F4 et Brutale) a été comme un uppercut asséné par Mohamed Ali à toutes la Motardie.
La Ducati 916 est mue par un bicylindres en L à refroidissement liquide coiffé de deux culasses à quatre soupapes animées chacune par un ACT ; d’où son nom de « Desmoquatro ». Le Twin produit 100 ch. à 9000 tr/mn et 9.mkg de couple à 7000 tr/mn.
La GSX 750 R ne peut pas être la première grand prix réplica, puisque lors de sa sortie, les grands prix moto étaient des courses de 500 deux temps.
C’est plutôt une inspiration endurance qu’il faut chercher.
Et pour les GP la RG 500 Gamma qui s’inspire de la XR40 Suzuki fût la première aussi proche.
Votre commentaire est pertinent et je corrige sur le champ. Il est vrai que jusqu’au tournant des années 2000, les machines de GP étaient des 2-temps (125,250 et 500).
Je n’ai pas pensé aux 2-temps des années 80 (Yamaha 500 RDLC, Kawasaki KR250 et RG 500 Gamma) car ils ne rencontreront qu’un succès d’estime.
La GSXR 750 est dérivé des Suzuki GS 1000 endurance et elle est la première sportive moderne grâce à une partie-cycle saine.
Grand V