Koehler-Escoffier est un constructeur lyonnais, qui a vu le jour en 1912 de la rencontre d’un pilote fortuné (Marcel Khler ou Khoehler) et d’un mécanicien talentueux et ancien de chez Magnat-Debon.
Ce constructeur de motos françaises est assez méconnue par rapport à Terrot ou Peugeot car la marque n’a fabriqué que des motos sportives et de course.
Dès 1912, le bicylindre à soupapes latérales de la Koehler Escoffier 500 taille des croupières aux mono Magnat-Debon. Elle porte le nom de « Mandoline » (voir image en haut de l’article) en raison de son carter de distribution placé très haut.
Jules Ernest Escoffier sera tué sur le front dès 1914 alors que Khoehler servira dans l’armée de l’air comme pilote d’avion.
1922 : La deuxième vie de Koehler-Escoffier
Après guerre, il faudra attendre le salon de la Moto 1922 pour que Koehler-Escoffier refasse surface sous l’impulsion du pilote et ingénieur Raymond Guiguet qui a racheté l’usine.
Ce dernier fiabilise le V-Twin « Mandoline », l’équipe d’une boîte à 3 rapports et d’une transmission finale par chaîne.
1923 : Guiguet lance la version «Sport » de la Mandoline

Il s’agit désormais d’un bicylindre de 491 cc qui accueille une distribution culbutée ainsi que des ressorts de soupapes en tête d’épingle et un jeu de culasses hémisphériques. Cette moto gagne de très nombreuses courses notamment dans le Sud de la France.
Les moteurs Koehler-Escoffier monocylindre ou bicylindres deviennent de vrais bijoux d’ingénierie à la française de l’entre deux guerres.
En 1926-1927, la bicylindres 500 « Mandoline Sport » a atteint ses limites en terme de rendement avec environ 27 chevaux.
1929 : Koehler-Escoffier 1000 « 4 tubes » et « K50 »
Guiget fait table rase du passé et se décide d’élaborer non pas une mais deux nouvelles motos. Ce sont la « K50 » et la « 4 tubes ».
La K50 est un monocylindre à arbre à cames en tête entrainé par couple conique et renvoie. L’arbre à cames en tête est une technologie très novatrice pour l’époque conçue par Peugeot avant la Grande Guerre. Le couple conique quant à lui donnera naissance à quelques Ducati d’exception …
Pour limiter les coûts mais avec beaucoup de brio mécanique car l’usine est au plus mal au niveau financier et ceci malgré de très bons résultats sportifs, l’ingénieur Guiget fait que ces deux motos utilisent un maximum de pièce en commun.
Le parfait exemple de cela est que la culasse arrière du V-Twin n’est ni plus ni moins que la culasse du monocylindre qui a été retournée.
Malheureusement et comme je l’ai déjà mentionné plus haut, les finances de Koehler-Escoffier sont au plus bas. Les machines-outils sont d’un autre temps faisant que la nouvelle K50 n’est pas plus performante que la Mandoline Sport.
La version 1000, baptisée « Quatre Tubes » en raison de ses 4 tubulures d’échappement, est bien née et possède un potentiel certain.
1929 voit le rachat Koehler-Escoffier par Monet-Goyon
A partir de 1929, la réglementation du championnat de France change : Seules les motos totalement françaises peuvent y participer. Monet-Goyon utilisait jusque là des moteurs anglais Villiers ou suisses Mag.
Afin de pouvoir continuer à courir, Monet-Goyon rachète le constructeur d’origine lyonnaise tout en conservant Raymond Guiguet au service technique.
Le pilote et ingénieur a désormais les coudés franches grâce des moyens suffisants et des machines-outils précises pour construire des motos qui s’avéreront désormais être très performantes.

Georges Monneret dit « Jojo La Moto » battra nombre de records avec une version compétition de la 1000.
C’est la « Records George Monneret », qui perd au passage 2 de ses 4 tubes d’échappement et accueille une fourche à parallélogramme et un second carburateur. Elle sort en 1935 et produira jusqu’à 78 ch (!) dans sa version la plus poussée alimentée à l’alcool. Une pratique courante dans les sports mécaniques de l’époque. Elle sera chronométrée à plus de 200 km/h. Cette machine prendra sa retraite en 1951.
Donc passé sous la coupe de Monet-Goyon, on retrouvera le nom de Koehler-Escoffier sur de petites utilitaires après la seconde guerre mondiale avant sa disparition en 1957.
De par des choix techniques toujours « nobles » ou d’avant-gardes, leurs performances, les Koehler-Escoffier restent le témoin de l’excellence française en matière de deux roues motorisées comme le seront les Martin et Godier-Genoud dans les années 70-80.
La « Record Georges Monneret » peut être considérée comme le pendant français aux Vincent, Brough Superior, BMW 500 Compressor ou Moto Guzzi V8. Rien que ça !