La société Rétroside ne propose pas qu’une simple moto ou un simple side-car avec les Chan Jiang 750 mais un pan entier de l’histoire du 20ème siècle. En effet, elle illustre plus qu’aucun autre deux roues motorisés les péripéties du 20ème siècle avec le second conflit mondial, la guerre froide et enfin le réveil de la Chine.
De plus, la CJ750 et sa sœur l’Ural sont avec la Royal Enfield Bullet les deux roues motorisées ayant la plus longue durée de production.
Du 3ème Reich aux soviets
La CJ750 est la copie de l’Ural Mototzikletniy 72 ou M-72 qui était le clone de la BMW R71.
Cette moto recevant un bicylindre à plat de 750 cm3 chapeauté par une paire de culasses à soupapes latérales ne sera produite que durant une très courte période (1938-1941). Cette distribution peu performante ne sera plus jamais utilisée par le constructeur bavarois.
Comment les soviétiques ont pu construire l’Ural ? Deux hypothèses sont avancées…
L’une fait état que les plans du side-car étaient une close du pacte de non-agression germano-soviétique signé en 1939.
D’autres évoquent l’achat par la Russie de cinq attelages par des intermédiaires suédois puis un démontage scrupuleux du moteur et de la boîte pour relever les cotes et créer les moules afin de répliquer à l’identique la BMW R71.
La Motor Compagny suivra la même démarche en mettant également la main sur des BMW R71 afin de réaliser la Harley-Davidson XA 750 qui ne dépassera pas le stade de moto expérimentale avec environ 1000 exemplaires produits. L’US Army lui préférera la Jeep Willys.
De nos jours, ce terme de pratique porte le nom pudique de « rétro-ingénierie » pour ce qui s’apparente à de l’espionnage industriel dans le monde de John le Carré…
Les 10.000 Ural M-72 engagées sous les ordres du maréchal Joukov participeront à la victoire des troupes soviétique sur le front Est.
En 1957, la firme d’Irbit construit un bicylindre à plat de 648 cm3 à soupapes en tête performant baptisé Ural-M61.
La Chan Jiang 750 entre alors en scène

Suite à la mise au point de ce nouveau flat twin culbuté, les soviétiques considère l’Ural M-72 comme dépassée. L’URSS cède donc les chaînes de montage de cette moto à la Chine.
Elle prend alors le nom de Chan Jiang 750 ou CJ 750. Ce nom est l’autre nom du plus grand fleuve Chinois : Le Yan-Tsé-Kiang.
Sa production débute dès 1957 et elle sera diffusée à plus d’un million d’unités notamment pour l’Armée Populaire et la police.
En 2007 et face à une pollution galopante dans les grandes métropoles, les autorités chinoises édictent des lois très strictes afin d’améliorer la qualité de l’air.
Dans les faits, l »administration du Céleste Empire ne délivre plus aucune carte grise pour le vénérable bicylindre provenant des administrations et donc dépourvus de VIN (numéro d’identification constructeur). Bien entendu, les versions civiles ne sont pas concernées. Les CJ750 militaires construites dans les années 70 et 80 peuvent jouir d’une seconde vie en occident d’autant plus que les stocks de pièces dépassent l’entendement.
Les CJ proposées par Retroside
L’entreprise proche de Dunkerque (Haut-de-France) propose le side-car chinois mais également une version solo, chose que n’offre pas Ural .
Les Chan Jiang sont disponibles en deux motorisations : le rustique 24 ch à soupapes latérales ( M1-M) ou le moderne 32 ch à soupapes en tête (MI-Super OHV). Cette dernière version à soupapes en tête apparaît au catalogue du constructeur chinois en 1985 suite à un transfert de technologie avec l’URSS. Cette version performante, proche des BMW R75, équipera abondamment l’Armée Populaire chinoise ainsi que la police.
Les deux flat twin proposées par Rétroside reçoivent un alternateur de 28 ampères produisant un courant de 12 volts qui alimente un éclairage à LED.
Malgré ce détail hi-tech, la CJ 750 conserve les attributs de la BMW R71 comme des jantes en aluminium à rayons en 19 pouces à l’avant comme à l’arrière accueillant des pneus à chambres de 3.5 x19 avec une fine bande de roulement de 110 mm.
Les suspensions sont également datées avec une fourche hydraulique à l’avant mais à tubes coulissants à l’arrière.
Seconde concession à la modernité mais aussi à la sécurité vue le poids de la bête, Rétroside greffe via son antenne de Shanghai un frein à disque à l’avant alors que le frein à tambour de 200 mm est conservé à l’arrière.
L’attelage tutoie les 350 Kg à vide alors que la version solo avoisine les 250 Kg. Les qualités d’emport du side-car sont réellement hors du commun puisque ce cheval de trait peut embarquer trois adultes et pas moins de 100 Kg de bagage !
Vu sa notoriété tant en URSS qu’en Chine, on n’aura pas trop à s’étendre sur ses excellentes qualités routières tant que l’on ne la prend pas pour autre chose que ce qu’elle est : Une moto utilitaire devenue au fil du temps une machine de bourlingueur comme les aiment l’écrivain et aventurier Sylvain Tesson.
Selon Rétroside, ces motos et ces side-cars s’avèrent bien équilibrés tant que l’on respecte les limitations de vitesse, comprenez 90 à 100 Km/h.

Les deux motorisations peuvent démarrer grâce au kick ou par un démarreur électrique malgré des taux de compression préhistoriques ! On notera que le moteur est accouplé à une boîte à 4 rapports accompagnée d’une marche arrière, un luxe bien utile pour des engins d’un tel poids ! La transmission finale se fait bien entendu par cardan à renvoi d’angle, si chère à BMW.
Le CJ750 : Un engin pour tous les goûts
Les CJ 750 proposées par Rétroside font quelques concessions au modernisme en recevant un câblage dans le panier permettant de brancher un GPS ou un smartphone.
Grâce à sa succursale de Shanghai, l’importateur dispose d’un service de customisation permettant de réaliser des peintures personnalisées. Une vaste gamme d’accessoires allant de pièces chromées à des éléments plus martiaux comme des caisses de munitions permet de transfigurer votre CJ750.
Le rustique side-car pourra donc être l’engin idéal pour un roule-toujours adepte des hivernales sur le plateau des Millevaches ou outil pour découvrir le vaste monde en prenant son temps. Dans une tout autre registre, j’imagine bien ce side-car échappé dans un épisode de Walking Dead…
Contact Rétroside : Téléphone : 0033.981.628.531
Showroom : 20 A rue du commerce – 59180 Cappelle-La-Grande France
où peut on trouver la chang yang dans le Sud ouest de la France, nous habitons l’Aveyron et le premier distributeur est à Alès dans le Gard. Y aurait il des distributeurs sur Albi, Rodez ou Toulouse ?
A ma connaissance non. C’est des motos qui méritent que l’on se déplace 🙂
Et puis Alès n’est pas très loin…
Y aurait il un distributeur cj 750 side car Bretagne ou Morbihan. Cordialement
Bonjour,
A ma connaissance, il n’y a plus de distributeur en France.
Grand V.
Laurent