En 2022, l’Indian Chief Indian fêtera son centenaire. La firme de Spirit Lake (Iowa) profite de cet anniversaire pour mettre en avant les possibilités en matière de customisation de son Big Twin.
Pourquoi ce bobber ?
La branche moto du groupe Polaris a conçu ces dernières années des motos que l’on n’attendait pas. L’Indian Challenger est ainsi un bagger avec un V-Twin digne d’une muscle car alors que l’Indian FTR 1200 est un roadster mâtiné de flat track.
Coté custom culture, force est de constater que les cruisers flanqués d’une tête de sioux sont rarement préparés par rapport aux Softail à moteur Milwaukee Eight.
Spirit Lake a donc confié une Indian Chief 2022 à quatre builders renommés (Keino Sasaki, Paul Cox, Carey Hart et Go Takamine)afinqu’ils personnalisent cette machine.
Qui est Mister Go Takamine ?
À une époque où la custom culture avait sombré dans la télé réalité et une orgie de dollars, Go construisait dans son atelier tokyoïte des machines faciles à vivre. Grâce à internet, le succès sera au rendez-vous et le nom de son garage « BratStyle » deviendra un style de prépa à part entière. Rien que ça !
La préparation de l’Indian Chief 2022 bobber
Go Takamine a trouvé que les lignes du cadre dessiné par Ola Stenegärd étaient d’une grande pureté et qu’elles devaient être mises en valeur.
Le réservoir a été coupé en deux afin de réduire sa largeur de 5 cm. Il a été recouvert par la suite d’un scallop gris délimité par des liserés dorés ou pinstriping.
Le garde-boue arrière est taillé dans celui d’une Ford 1937 et il se termine par un ornement provenant d’un garde-boue de Chief des années 40. Un petit sissy-bar le supporte.
Afin de laisser le guidon vierge de tout compteur, Go a fabriqué un support qui permet de repositionner sur le flanc gauche du réservoir l’interface de navigation Ride Command. Ce système tactile demeure toujours facilement accessible mais ce fait visuellement discret. Il devait être absolument préservé car c’est l’une des fiertés du constructeur. N’oublions pas qu’il s’agit d’une préparation commandée par Spirit Lake.

L’Indian Chief se pare ici et là de pièces en laiton (potences, cale-pieds et sélecteur), clin d’œil à la custom culture nippone.
La selle solo à ressorts en cuir patiné associée aux struts donnent l’impression que ce bobber a participé aux incidents d’Hollister de juillet 1947.
Le natif d’Okinawa a aussi confectionné une paire de caches de fourches et un cache courroie en métal. Les deux lignes à sorties contre-cone apportent quelques Watts supplémentaires toujours bienvenus au Thunderstroke 116.
Il ne serait y avoir de bobber sans un jeu de pneus ballon. Go monte donc des répliques des Firestone ANS des années 40 sur des jantes à rayons.
Il explique que cette cette Indian Chief est bien dans l’esprit bratstyle en étant nettement plus maniable et un peu plus puissante.
Le maître ès custom signe ce bel ouvrage en apposant un point cover en laiton avec l’inscription : « Bratstyle Motorcycle, Long Beach, Calif. USA ». En effet et depuis 2014, le Japonais vit en Californie avec sa douce moitié Masumi. L’atelier tokyoïte est géré par « ses frères d’arme de la clef de 12 ».
Qu’est-ce que le Bratstyle ?
Les origines
Le style « bratstyle » est devenu un nom générique comme « café racer ». Il a pour origine les motos réalisées par le garage « BratStyle » fondé à Tokyo en 1998 et géré par Go Takamine. La magie d’internet passant par là, ce type de préparation sera copié quasiment à l’infini.
La définition
Le « Brat Style » ou « Bratstyle », c’est un savant mélange de différents courants de la custom culture : scrambler, café racer, tracker et bobber. On oublie le chopper car ce genre de prépa n’est pas adapté à la ville et est très exigeant au quotidien.
Le bratsyle en pratique : des motos « intelligentes »
La mécanique se doit d’être simple et bon marché. On pense bien entendu aux Yamaha SR ou XS650 si populaires dans l’archipel mais un Sportster ou une W650 fera parfaitement l’affaire. Plutôt que d’investir des cents et des milles dans une prépa moteur à la fiabilité incertaine, on allège autant la moto que faire se peut. Grâce à des garde-boue tronqués, un petit réservoir, une chasse aux accessoires jugés inutiles, le sacro-saint rapport poids-puissance progresse.
On conserve également une position d’origine relax qui permet de se faufiler dans les bouchons des grandes métropoles ou de ne pas prendre un abonnement à vie chez l’ostéopathe.
Vous l’avez compris le bratstyle, c’est une bonne dose de pragmatisme appliquée à la prépa moto.
Spécificités de l’Indian Chief 2022
- Moteur : V-Twin Thunderstroke 116 (1890 cm3) ouvert à 49°
- Refroidissement : air
- Alésage x Course (en mm) : 103,2 x 113
- Distribution : 2 soupapes par cylindre
- Puissance : environ 90 ch
- Couple : 162 Nm à 3200 tr/mn
- Réservoir : 15,1 litres
- Hauteur de selle : 662 mm
- Pneus : Pirelli Night Dragon
- Poids à sec (tous pleins faits) : 294 kg (304 kg)
- Prix : dès 17 990 € ( Indian Super Chief Limited 2022 : dès 22 690 €)
J’aime bien les principes de pragmatisme, d’efficacité et de simplicité, appliqués à la moto.Par rapport à la Chief d’origine, on est sur arrière « hardtail » (sans suspension ?) qui donne bien plus de classe et de pureté à la moto, en plus du gain de poids. C’est parfait et elle devrait être vendue comme cela, d’origine. (un peu comme la gamme « softail » du concurrent….) Merci pour vos articles et meilleurs vœux.
Tout d’abord, bonne année 2022 à vous !
Concernant la Chief, je me suis fait la même réflexion.
Il ne lui manque qu’une partie-cycle type Softail car le Thunderstroke (tout en rondeur) est plus esthétique à mes yeux
que le Milwaukee Eight.
Les tarifs sont un chouia trop élevés par rapport à la concurrence (1500 € de plus pour la Dark Horse par rapport au Street Bob).
Grand V
Maintenant, chez Indian, il faut se tourner vers la Springfield, 10 k€ plus chère et avec le même moteur, pour avoir un « softail » alors que c’est bien dans cette version dépouillée qu’elle est la plus belle. Je ne comprends pas trop la logique (et je ne vous parle pas des pots d’origines, noir, que je trouve affreux) . Idem pour la Scout qui serait sans doute encore plus belle et conforme à l’originale, en plus du gain de poids, si elle était montée « hardtail » ou softail (en mode civilisé) ….
Logiquement en temps que challenger dans le custom, il devrait a minima avoir des tarifs concurrentiels et des modèles plus attractifs…
D’autant qu’Indian pourrait le faire à « peu de frais », sur la base des modèles existants et en s’inspirant de la philosophie de Go Takamine. Mais on sait aussi qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles et à pléthore de nouveaux modèles, dans un contexte où tout le monde (ou presque), envisage la fin des moteurs thermiques, parait-il….