Nous savons que Steve McQueen collectionnait les vieilles motos de manière convulsive à une époque où cela n’intéressait personne. Il a ainsi possédé plus d’une centaine de motos, des dizaines de voitures et même quelques avions.
Triumph Bonneville T-120 TT 1963
1963 est une année à marquer d’une pierre blanche chez Triumph puisqu’elle coïncide avec l’apparition du bloc moteur (moteur & boîte placés dans un même carter). Les anglo-saxons appellent ce type d’architecture « unit ».
Demandés par les 2 importateurs étasunien Johnson Motors (cote Ouest) et Triumph Corporation (cote Est) , la Triumph Bonneville T-120 TT et son pendant à un seul carburateur, les TR6 TT, sont équipées d’un bicylindre vertical largement optimisé.
De série, ces 2 motos sont des racers choyés par les techniciens de Meriden. Elles revendiquent environ 52 chevaux à 6 500 tr/mn et ne pèsent que 159 kg grâce à l’ablation de la nacelle de phare, l’absence de batterie (allumage par magnéto) et d’éclairage.
La Triumph Bonneville de Steve McQueen
Cette Bonny sera pilotée par Steve McQueen pour des runs sauvages et lors de classiques californiennes. Bud Ekins, pilote et cascadeur de renom, se charge de la préparation du bicylindre acquis pour 600 $ auprès de Johnson Motors Inc.
La mise en peinture est réalisée par l’artiste Kenny Howard, plus connu sous le pseudo de «Von Dutch ». Ce dernier qui ne semblait pas être sous l’emprise de LSD appose un sobre vert anglais.
Un garage, rendez-vous des futures stars
La concession de Bud Ekins située à Sherman Oaks verra défiler tout un tas d’acteurs en devenir comme dit la formule. Nous pouvons citer James Dean, Marlon Brando, Paul Newman ou Clint Eastwood. Not Bad !
Préparation Triumph Bonneville desert sled
Les modifications faites par Bud Ekins se limitent à un gros travail sur la partie cycle et une protection du bas moteur.
Passé entre les mains de Bud Ekins, le bicylindre verticale est dégonflé avec un taux de compression passant de 12:1 à 8:1. Les double carburateurs Amal Monobloc adoptent des filtres surdimensionnés censés filtrer la fine poussière ainsi qu’un imposant pare-pierre ou « sled » dans le jargon des pilotes de off-road américains.
Suite à ces modifications, la Triumph Bonneville T-120 TT peut s’aventurer en off-road tout en pouvant atteindre les 180 km/h en pointe sur les bouts droits de la Sierra Nevada.
Focus sur le préparateur : Bud Ekins
Bud Ekins fut le mentor du « King of Cool » en matière de deux roues. Il est le tout premier américain à avoir traversé l’Atlantique pour se confronter aux pilotes de motocross européens au début des années 50. Il a remporté quatre médailles d’or aux 6 Jours d’enduro ou ISDT (International Six Day Trial).
Promu cascadeur par Steve McQueen, c’est lui qui exécute le fameux saut dans La Grande Evasion sur une Triumph TR6 et c’est encore lui, pour d’obscures raisons d’assurance, qui double l’acteur dans les scènes les plus dangereuses de Bullit . Il est également présent dans le documentaire On Any Sunday produit par McQueen.