La Suzuki DR800 S demeure dans nos mémoires comme étant le plus gros monocylindre jamais produit avec un piston de 105 mm de diamètre !
Produite de 1991 à 1997, celle que les Anglo-saxons, jamais avares en superlatifs, appellent « The Big », avait pour tache de concurrencer une certaine BMW R80 G/S.
La Suzuki DR800 S : le premier maxi trail japonais
Dans les années 80-90, une bonne frange de la motardie rêve d’Afrique. La firme d’Hamamatsu voulait avoir sa part de ce gros gâteau avec ce trail haut sur pattes (876 mm de hauteur de selle) et affublé d’un réservoir de 28 litres (sic).
Cette moto qui ne gagnera jamais le Paris Dakar avait tout de même un tromblon qui force encore le respect : un gromono de 779 cm3 à 4 à soupapes en tête et refroidissement air/huile alimenté par un carburateur double corps Mikuni .
Les performances de ce thumper, comme disent les ricains, sont plus qu’honorables avec 54 ch (7 000 tr/mn) et 59 Nm (5 500 tr/mn) pour un poids contenu (185 kg à sec). Ajoutez une fiabilité proverbiale et des vibrations limitées par la présence d’un double balancier d’équilibrage.
Le seul défaut de la Suzuki DR800 S est une esthétique discutable. Son « bec de canard » améliore certes la traînée aérodynamique à vitesse soutenue, mais il n’en demeure pas moins un « appendice ». Cette idée des ingénieurs Suzuki est toujours présente en 2021 sur la BMW R 1250 GS.
Les présentations étant faites, passons à la « bête du jour »…
La préparation de la Suzuki DR800 S scrambler
Cette moto conçue par l’atelier Unik Edition situé dans la banlieue de Lisbonne fait oublier son look « rallye raid » pour une facture plus dans l’air du temps : un scrambler.
Le réservoir de 28 litres façon rallye raid cède sa place pour celui d’une Suzuki GN de 9 litres.
La partie-cycle demeure inchangée si ce n’est la partie arrière du cadre raccourci sur laquelle est soudée une boucle arrondie. Un grand classique !
Les jantes sont recouverts d’une peinture noire époxy et reçoivent des rayons en acier inoxydable. La roue avant en 21 pouces adopte un Metzeler Karoo Up alors que l’arrière en 17 pouces est chaussé en Mitas E-09. Le garde-boue avant, réduit à sa plus simple expression, aura le plus grand mal à vous protéger des projections en off-road. Son homologue arrière est un élément adaptable inspiré par les enduros des 70’s.
La force tranquille du gromono s’exprime par une ligne 1 en 2 réalisée par soudage au TIG par l’atelier lisboète. Les 2 embouts de marque Arrow présents sur ce scrambler étaient initialement destinés aux Yamaha XT1200Z Super Ténéré.
L’optique très vintage Marchal (du « Made In France ») est importé du japon et a été placée dans le cuvelage d’un phare provenant d’une Honda.
Le guidon et les poignées sont fournis par Renthal alors que les leviers sont signés Brembo. Un compteur Daytona placé dans un support « maison » et un rétroviseur LSD terminent la préparation.
Quant « The Big » rencontre le street art
Cette moto est un crossover entre Unik Edition et un street-artiste (Vasco Costa). Ce dernier a utilisé cette Suzuki DR800 S comme un support à sa créativité. La plupart des éléments constitutifs du gromono (réservoir, cadre, carter moteur, bras oscillant,etc.) sont passés entre les mains de l’artiste.
Si la chose est assez courante dans le monde automobile, nous pouvons citer la Land Rover revisitée par Keith Haring ou la BMW 3.0 CSL ayant couru Le Mans en 1975 peinte par Alexander Calder, la chose était inédite dans le monde de la moto. Que par cela, ce scrambler méritait ces quelques lignes.
Crédit photo : © Unik Eidition