Le designer en chef de chez Mazda,Shunji Tanaka est décèdé le 12 décembre 2021 à l’âge de 75 ans. Il supervisa le dessin du cabriolet le plus produit au monde : la Mazda MX-5 ou Miata (son nom américain). Cette disparition est l’occasion de se replonger dans la genèse du dernier phénomène connu en matière d’automobile sportive de l’ère des moteurs à explosion.
Vous allez me dire qu’il existe d’autres sportives sur le marché en 2022
Oui, il y a bien la Porsche Boxster ou la BMW Z4. Toutes deux empruntent le sillon creusé par le petit roadster nippon mais pour un coût qui n’a rien de comparable ! La MX-5 est la dernière de son genre : une stricte deux-places qui se dégotte dès 5000 € si vous n’êtes pas trop regardant sur la génération.
L’époque : le début des GTI
Nous sommes à la fin des années 70 et l’avenir en matière de petites sportives se conjugue avec la Golf GTI dévoilée en 1975. Cette compacte pragmatique au tempérament sportif (846 kg & 110 ch) fera florès. Son design de « boîte à chaussure » signé Giugiaro ne fera jamais oublier les sémillants roadsters italiens ou anglais qui ont traversé les années 60 et 70. Les Subaru Impreza WRX STI et autres Mitsubishi Lancer Evo X des années 90-2000 sont certes des bombes mais elles restent néanmoins des berlines.
La Mazda MX-5 née d’une simple conversation


Selon une légende forgée par trois décennies de succès, l’idée de ce petit cabriolet serait née d’une discussion informelle au printemps 1979.
L’idée de lancer un petit cabriolet abordable émane de Bob Hall, un journaliste réputé de la presse automobile américaine. Lors d’une discussion avec Kenichi Yamamoto (président de Mazda USA) et Gai Arai (directeur de la R&D), Hall s’inquiète de la disparition future des petits cabriolets sportifs.
Le journaliste a vu juste ! Les MGB, Triumph Spitfire, Alfa Roméo Spider et autre Fiat 124 tomberont au champ d’honneur dans les 80’s comme les poilus au Chemin des Dames. En matière de découvrable, cette nouvelle décennie marquera l’avènement de compactes « décapsulées » affublées d’un disgracieux arceau : Peugeot 205, Ford Escort, Talbot Samba, etc.
La gestation du roadster japonais

En 1981, l’ingénieur Yamamoto (on lui doit le moteur rotatif de la Mazda RX7) et futur PDG de Mazda rencontre à nouveau Hall. Lors de la visite du nouveau centre de R&D d’Irvine (Californie), Yamamoto glisse au journaliste : « et si on reparlait de votre petite sportive pas chère ? Ça vous dirait de participer à l’aventure ? ».
Hall rejoint donc le centre californien en 1981 et sans lui la petite sportive racée et peu coûteuse n’aurait jamais vu le jour. Hall apporte d’abord toute son expertise car la MX-5 pour « Mazda eXperimental-5 » est d’abord conçue pour le marché nord-américain .
En 1983, Hall associé aux designers Fukuda et Yagi réalisent les premières esquisses du futur roadster. Au final, trois bureaux d’étude (Irvine, Tokyo et Hiroshima) seront de la partie.
En 1987, un prototype avec une carrosserie en plastique à l’échelle 1 est présenté à un panel de 220 Américains. 57 % des personnes sondées seraient prêtes à l’acheter. Mazda rassuré, le design est finalisé et le projet entre dans sa phase de production 5 mois plus tard.
Un cabriolet sous le signe du « Jinba Ittai »

Cette expression symbolise que le cavalier et sa monture ne font qu’un lors du tir à l’arc traditionnel à cheval des samouraïs. Elle sera le fil rouge qui prévaudra dans la conception de ce roadster que Disney immortalisera dans le film Cars.
- Elle se pilote au volant et au pédalier mais surtout du fond du baquet !
- Une répartition 50/50 qui pardonne les excès
- Elle peut « cruiser » le long du Pacific Highway mais son moteur plutôt pointu invite à l’attaque
- Bien conçu, elle se passe de filet anti-remous
- Son comportement est neutre grâce à un châssis ultra-rigide digne d’une voiture de circuit
- Des suspensions malgré tout confortables
- Elle permet le talon-pointe
- La fiabilité de son 4 cylindres est simplement « agricole »
Ses deux points faibles sont :
- Un freinage moyen à l’attaque
- Amortisseurs arrières pas assez durs en une utilisation intensive
La Mazda MX-5 : alors, copie des roadsters anglais ou pas ?
Ce projet est déjà à contre-courant des découvrables de l’époque dérivées des compactes. Contrairement à une idée reçue, les Japonais ne copient pas ils améliorent ! C’était déjà le cas avec la Honda CB750 face à la MV Agusta 750 Sport qui s’était fourvoyée dans une transmission finale par cardan. C’est aussi le cas avec la Miata qui ré-imagine les Lotus Elan et MGB saupoudrées d ‘une bonne dose de pragmatisme nippon.
La filialisation esthétique avec la première est évidente et la philosophie (un roadster pas cher) est bien celle de la deuxième. Mais la Lotus Elan des années 80 n’est plus que l’ombre de ce qu’a voulu Colin Chapman ! Elle est désormais une traction et elle possède toujours des phares escamotables qui marchent lorsque ça leur chante !
Un succès immédiat qui en fera le cabriolet le plus vendu au monde

Après 8 ans d’étude, la MX-5 est présentée au public lors du salon de Chicago en février 1989, Mazda a vu juste. L’usine d’Hiroshima qui a lancé la production le 31 mars a du mal à suivre les cadences. Durant la seule année 1989, 45 266 exemplaires seront produits dont 9307 pour le Japon. En mai 1990, elle débarque finalement en Europe où elle sera d’abord vendue à dose homéopathique pour des raisons marketing.

Dix ans après sa commercialisation et forte de 531 890 ventes, la Miata entre au Guiness Book des records en étant le cabriolet le plus produit dans l’histoire. En avril 2016, sa quatrième version atteint la barre symbolique du million de véhicules produits.
Fiche technique Mazda MX-5 NA
- Carrosserie : stricte deux places découvrable
- Moteur : implanté en position longitudinale avant
- Moteur : 4 cylindres de 1598 cm3 dérivé de la Mazda 323 GTX
- Distribution : 16 soupapes par cylindre & deux arbres à cames en tête
- Arbres à cames favorisant la puissance à haut régime
- Puissance : 115 ch à 6 500 tr/mn
- Régime max. : limité à 7 200 tr/mn
- Alimentation : injection électronique multipoint
- Propulsion
- Boîte de vitesses : manuelle à 5 rapports provenant de la Mazda 929
- Jantes : ultra légères à 7 bâtons inspirées par les « Minilite »
- Échappement : acier inox
- Capot : en aluminium pour une meilleure répartition du poids avant/arrière
- Capote : peut être rapidement manipulée par une personne
- Poids : 1 190 kg
- Vitesse : 195 km/h
Salut Laurent,
Super article …comme d’habitude !
Juste une petite coquille à signaler.
Je pense que c’est MIATA et non pas MITA !
Bonne année !
Merci pour le commentaire.
J’ai beau relire l’article, je n’ai pas trouvé la coquille surtout que c’est un nom propre
et que les divers correcteurs ne sont d’aucune aide.
Très intéressant
Dommage que Fiat ait retiré sa Spider 124
Elle profitait de toute l’expertise Mazda avec le MX5 (fiabilité notamment) mais avec un style terrible
Encore bravo pour la qualité des articles
Bonjour, j ‘en possède une en version 1,6 90cv , en effet la 115 était jugé trop chère et à donc laissé sa place à une 140cvavec le 1,8l dans les dernières années 1994 à 1997 il me semble.
Mais le plaisir est bien présent. Je voulais juste ajouter que « rigidité » n est peut-être pas le mot juste, je dirais plutôt équilibré. Il n’est en effet pas possible de drifter avec une Na mais le châssis est très joueur, en bref un jouet pour adultes comme on en fait plus. Sauf la Nd bien sur mais pas au même prix.
Ps, en 2022 dur de trouver une Na à moins de 8000 euros en bonne état.
bien à tous
Merci pour votre retour d’expérience sur ce « joujou extra » abordable qui plus est !