Vous pensez que les Harley-Davidson sont forcément lentes et lourdes. Et bien, vous avez tort ! En 1983, Harley-Davidson se dote de la XR 1000 afin de contrecarrer les sportives européennes mais surtout japonaises toujours plus puissantes.
La XR 1000 : la genèse
Le Sportster XR 1000 construit en 1983 et 84 est la version routière de la XR 750 pilotée par Jay Springsteen. Ce denier a remporté à son guidon trois titres d’affilés « Grand National Championship AMA » entre 1976 et 1978.

La Motor Compagny charge le responsable du département course, Dick O’Brien, de construire une « superbike ». En 6 mois, il réalise l’exploit de donner de vrais gènes sportifs au roadster américain.
En effet, XR 750 et Sportster n’ont rien de commun ! Le XR dispose d’un alésage et d’une course de 79,5 x 75,5 mm alors que le 1000 Inronhead a une architecture moteur dite longue course (81 x 96,8 mm).
Ainsi, les culasses en aluminium à deux carburateurs du XR 750 sont plus hautes que les culasses en fonte à un carburateur du XL 1000. Le faible empattement du cadre du XR ne permet pas une utilisation routière. Quant au cadre du XL, il n’est pas assez haut pour accepter les culasses en aluminium. Le XR 1000 va donc avoir ses propres carters et ses bielles dédiées plus courtes afin d’abaisser la hauteur du moteur.

XL 1000 et XR1000 se partagent les mêmes arbres à came, les mêmes cylindres (en fonte) et la boîte à 4 rapports. Le cadre est dérivé des XRTT utilisés sur circuits routiers. Les jantes sont en 19 à l’avant et en 16 à l’arrière.
Un Harley très puissante
Contre toute attente, la XR 1000 ou ce mariage de la carpe et du lapin est une réussite !
La greffe de culasses en aluminium et des deux carbus Dell’Orto de 36 mm sur le moteur longue course du Sportster 1000 cm3 permet d’obtenir 72 ch. En comparaison, un XL 1000 ne délivre que 57 ch…
Harley-Davidson propose même un kit conçu par Jerry Branch (il avait participé à la création de la XR 750 de 1972) qui permet d’atteindre 95 ch grâce à une paire de carburateurs Dell’Orto de 38 mm.
Le XR 1000 est une moto qui freine bien selon les standards de l’époque avec un double disques à l’avant de 11 pouces ou 292 mm de diamètre et un simple disque à l’arrière de même taille.
Le plus performant des Sportster

Chronométré en mars 1983 par le magasine Cycle World, le XR 1000 est la première Harley à réaliser le quart de mile (environ 400 mètres) sous la barre des 13 secondes avec 12,88 secondes. Il atteint lors de cet exercice une vitesse de 102 miles/ heure (environ 160 km/h). Le XR 1000 est crédité d’un bon 200 km/h en vitesse de pointe.
La moto est plutôt légère avec 226 kg à sec mais le mot « confort du pilote » est aux abonnés absents !
Paradoxalement, son V-Twin est plutôt onctueux avec un timbre très particulier qui n’est pas sans rappeler les bicylindres britanniques tels que la Triumph Bonneville ou la Norton Commando.
Une absence totale d’ergonomie
La position de conduite reste inchangée par rapport à un Sportster standard. Ainsi, la selle, tout comme les cale-pieds, le guidon et les poignées sont empruntés au XL 1000 et n’assurent aucun maintien au pilote.
De plus, les filtres à air K&N sont défoncés par le genoux droit et ils « crachouillent » de l’essence. Du coté gauche, c’est encore pire : les mégaphones brulent consciencieusement vos bottes et votre jeans.
Le XR 1000 : les raisons de son échec commercial
Cette moto a été produite à seulement 1750 exemplaires en 83 et 84. Signalons que le XR 1000 ne sera jamais officiellement importé dans l’Hexagone, car il s’avère trop bruyant.

Le XR 1000 était proposé à 7000 dollars. En comparaison, le modèle d’entrée de gamme, le XLX-1000, coûtait quasiment deux fois moins cher (4000 dollars). Un gros quatre pattes nippon, grâce à un taux de change particulièrement favorable, était vendu pour moins de 5000 dollars. Ceci explique les raisons de sa faible diffusion.
Un habillage plus attrayant (façon XRTT ou XLCR) et des couleurs « Racing Department » auraient pu mettre en valeur sa belle santé mécanique.
La plupart de ces AC Cobra à deux roues (l’esthétique en moins) seront bradées à force de croupir dans les showrooms des concessions.
En 1984, Harley-Davidson a d’autres chats à fouetter avec le lancement d’un tout nouveau bicylindre : le moteur Evolution. Dès 1986, il équipe les Sportster.
L’une des Harley parmi les plus désirables
L’échec commercial du XR 1000 fera date pour Milwaukee. Il faudra attendre deux décennies pour que le constructeur américain s’aventure (avec prudence) sur le terrain de la performance avec le Sportster 1200S (1996).
Contrairement au XLCR, le XR 1000 devient rapidement une moto de collection en raison de son exceptionnelle santé mécanique. Même le XR1200 lancé en 2008 n’est guère plus performant ! De nos jours, cette muscle bike voit sa cote atteindre des sommets !