Les cut down : un genre oublié !
Les motards américains vont alors préparer les « vieilles » Type J et dans une moindre mesure les très exclusives JD créant les « cut down » que l’on peut traduire par : « couper vers le bas ».
Les tout premiers customisateurs vont surtout retravailler la partie cycle de la Type J qui a du mal à cacher sa parenté avec un gros vélo.

Les racers de boardtrack puis de flat track d’usine vont servir d’exemple. Il faut abaisser le centre de gravité du Type J afin que le pilote fasse corps avec sa moto. On forme donc une nouvelle épine dorsale soudée au cadre qui enserre au plus près le V-Twin. Le réservoir nécessite une refonte totale afin qu’il suive la nouvelle épure du cadre tout en ménageant un espace pour les deux culbuteurs qui sont à l’air libre.
Le guidon d’origine, copié sur celui d’une charrue, va être coupé et coudé à l’étau afin d’obtenir un dirigeoir plus ergonomique. La forme « buckhorn » ainsi sera choisie pour les courses sur terre (TT).
Une fois allégé, un cut down prend 140 km/h voire 160 km/h avec un taux de compression majoré ; un record pour une spet des années 30 tout à fait utilisable au quotidien !
Les cut down : des motos à abattre !
Ces motos quasi-indestructibles rouleront et courront jusqu’au début des années cinquante au grand dam de la fédération motocycliste américaine. L’AMA, à la solde des deux constructeurs nationaux, voit d’un très mauvais œil « ces antiquités » rivaliser et parfois ridiculiser des machines de l’année.
De plus, les années 30 voient s’abattre la Grande Dépression. Peu de motards ont les moyens de s’acheter une Indian ou Harley-Davidson relativement récentes dont les performances moyennant quelques heures d’huile de coude ne sont guère supérieures à un Model J de 1915 !
La JDH gagna toutes les courses possibles durant les années 30 avant d’être interdit de course par l’AMA. Motif officiel de la fédé : « Il faux promouvoir des technologies simples ».
1934 : Et l’AMA créa le bobber
L’année 1934 acte la naissance de la Class C en flat track et par ricochet celle des bobbers.
Désormais, seul les V-Twin de 750 cc à soupapes latérales ont réellement le droit de s’exprimer en dirt track car les européennes à distribution culbutée (une technologie plus avancée) ne doivent pas dépasser 500 cc !
La Class C n’a qu’un seul but : faire vendre des Indian ou des Harley Davidson neuves ou pour le moins très récentes.
Les racers qui évoluent en Class C, dont l’un des parangons est le compé-client WR de 1941 construit à Milwaukee, vont directement inspirer aussi bien au niveau moteur qu’esthétique l’émergence du phénomène bobber au lendemain de la seconde guerre mondiale.
De plus, les troupes ayant combattues en Europe ont pu tester les légères et fringantes anglaises. Les GI stationnés en Angletterre ont déjà fait leurs la future maxime de Colin Chapman : « Light Is Right » (« Ce qui est léger, est bien »).
Les vétérans achètent donc, avec leur maigre solde, les lourds V-Twin à soupapes latérales. Ces premiers bikers les dépouillent de tout afin de les rendre plus performants et plus joueurs.

Les cut down : des motos à abattre !
D’un point de vue extra-sportif, le Type J mais surtout la JDH sont un élément très important du contentieux entre les premiers bikers et la fédération.
La création des MC « outlaw » et les incidents d’Hollister en 1947 sont liés pour partie au fait que les JDH demeurent toujours très performantes même après la seconde guerre mondiale. L’AMA les bannit de toutes compétitions et traquent les pilotes vus à leurs guidons lors de courses sauvages qui se mettent à se multiplier. Ces motos préparées ne sont pas « raccord » avec la production du moment des deux constructeurs US.
Les cut down continueront, au coté des bobbers, à être utilisées par les bikers sur route bien après la fin de la seconde guerre mondiale. Incarné dans « L’équipée Sauvage » par Lee Marvin, Willie « wino » Forkner co-fondateur du Boozefighters MC, fera tourner sa JDH jusqu’à la fin de ses jours.