Il y a quelques années, Mark Atkinson avait été interpellé par un ingénieur dont la société qui construisait des motos électriques avait fait faillite. Pourtant aux dires de ce dernier, ces deux-roues étaient performants et de qualité.
C’est suite à cet échange qu’est né l’idée de la « Racer X ».
Matt Atkinson n’est pas un inconnu de la scène custom.
L’annulation de la speed week de Bonneville 2015 pour des raisons météorologiques laisse du temps libre à ce pilote de record de vitesse et accessoirement fin builder.

A la même époque, le designer Mehmet Doruk Erdem poste sur sa page Facebook un lakester réalisé par infographie que l’on imagine bien dans un roman de Jules Verne.
Matt Atkinson, sédui par ce projet épique, décide de transformer cette œuvre de l’esprit en un streamliner qui sera baptisé « Alpha ».
Une BMW K75 qui trainait dans le jardin de Matt, pimenté par un turbocompresseur, permet à ce deux-roues baroques de rouler bon train sur les traces de Burt Munro lors de l’édition 2017 de la Speed Week.
A la question, pourquoi les motos électriques se vendent mal ?
La réponse de Matt Atkinson est : Elles ne nous font pas rêver ! Tout au plus, elles singent ce qui ne sera bientôt plus.
Donc selon Matt, il faut faire table rase de 120 ans de design de motos à énergie fossile puisque leurs aspects découlent du moteur thermique (réservoir, échappement, alimentation, etc.).
Par exemple, pourquoi greffer un faux réservoir d’essence sur la Curtiss Zeus ? Cette moto est pourtant exubérante en matière de design. La LiveWire est très « sage » avec ses airs de faux roadster thermique. Idem, pour la leader du secteur : Zero Motorcycles.
Factuellement, une moto électrique ne conserve que trois éléments en commun avec son homologue thermique : deux roues, un système de freinage et une partie-cycle.
Pour le custom builder, autant repartir d’une feuille blanche. C’est tout le propos de la Racer X.
Bien entendu, cette moto conçue en trois mois est un pur concept bike. Le propos de la Racer X est de choquer et de questionner sur la moto de demain qui sera électrique.
Le design de la Racer X est comme celui du robot « TARS » du film « Interstellar » : totalement déconcertant voire dérangeant !
Certains reprocheront à cette machine une approche par trop esthétisante. Ainsi, elle ne fait aucun cas du confort du pilote ! Comme je l’ai dit plus haut, il s’agit d’un concept bike fait pour marquer les esprits au fer rouge. Certains choppers ne sont guère mieux lotis à ce niveau…
Au niveau technique
La structure de la moto est formée de deux arches triangulaires formant un X. Ces deux élèments sont en tube d’aluminium recouverts de panneaux en fibre de carbone.
La direction est gérée par un servo-moteur qui agit sur quatre pivots actionnant la roue avant. Ils sont commandés par un petit joystick placé au niveau du demi-guidon gauche. Nul doute que cette « moto » doit avoir le rayon de braquage d’un porte-conteneurs.
Les roues mélangeant carbone et aluminium sont de type sans moyeu ou orbitales. La partie externe en carbone accueille le pneumatique alors que la partie interne de la jante fait office de chemin de roulement. Un frein sur mesure placé sur la jante avant se charge d’arrêter cet étrange deux roues.
La roue sans moyeu n’est pas à vrai dire une nouveauté. Le designer italien Franco Sbarro utilisait cette technologie sur une moto en 1989. Matt Atkinson ne la choisit pas que pour des raisons esthétiques.
La roue orbitale pourrait connaître des débouchés commerciaux avec les véhicules électriques à deux comme comme à quatre roues.
En effet, l’espace libéré permet d’implanter un moteur électrique directement dans la roue.
Un unique amortisseur qui s’ancre sur les deux « moyeux » décentrés gère la suspension avant et arrière de la moto.
Une batterie de Nissan Leaf alimente le moteur de 38 Kw qui fait tourner la roue arrière grâce à une chaîne. Elle est logée dans une cavité ménagée sur le pourtour de la jante arrière.
Crédit photo/ Courtesy of : Speed Of Cheese Racing